| Médiation 
scolaire
 " Allez colle ! "
 La qualité 
relationnelle s'apprend en classeAh ! L'éducation des enfants 
! Un ami érudit en textes anciens me disait que la plus grande partie des 
écrits en sanscrit ou babylonien traitent du comme transmettre aux enfants 
? On en est toujours là ; la question reste ouverte. Il y a les tenants 
du " mouche toi et dis bonjour à la Dame ! " pour faire des enfants 
" Ah ! sociables ". Les tenants du " fais pas ci, fais pas ça 
! " pour faire des enfants " Ah ! brutis ". Les chantres du laisser 
faire le " maitre intérieur " Montésorrien, censé 
guider la croissance psychologique et relationnelle du petit homme comme son programme 
ADN (apprentissage des neurones) développe inexorablement ses cellules 
et son intelligence, pour faire des " Ah ! soiffés ". Il y a 
les " Allez les p'tits gars ! " qui pensent qu'il ne faut pas penser 
et que l'action va l'éviter en attendant que l'âge fasse le reste 
: " un con qui avance va plus loin qu'un intelligent qui reste assis ! ", 
pour faire des " Ah ! gressifs ". Il y a les acculés du " 
Tais toi et fais ce que l'on te dit ! " piochant jusqu'a épuisement 
dans le capital amour que leur donne les enfants pour les faire obéir et 
les guider malgré eux dans le droit chemin et en faire des " Ah ! 
tones ".
 Certains, peut-être, trouveront ce début drôle
 
certains. Mais tous sont certains, en revanche, qu'ils sauront faire, qu'ils savent 
faire avec leurs enfants. Et il est vrai que tous ont raison
 parfois. Parfois, 
il faut suggérer, parfois il faut laisser faire, parfois il faut imposer, 
parfois pousser, parfois retenir et parfois ça marche ; par foi. Car l'important 
n'est-il pas d'y croire ?
 Lorsqu'on dresse un jeune cheval, qui part dans tous 
les sens - mais élever un enfant n'a rien à voir avec dresser un 
cheval, bien sûr ; ça ne fait rien continuons - on dit qu'il faut 
le maintenir dans " le canal soyeux des aides ". Nous aimons bien cette 
formule poétique ; à la fois on ne peut pas laisser faire sinon 
il va se faire mal, à la fois on ne peut pas imposer trop surtout s'il 
est énergique sinon il va nous faire mal.
 Laborieuse introduction qui 
traduit bien que la question reste ouverte et laborieuse. Bien malin celui qui 
croit avoir la recette universelle de l'éducation des enfants. Douloureuse 
introduction dont le demi-ton humoristique traduit bien l'ineffaçable douloureux 
souvenir du trop ou du trop peu de nos parents pour nous rendre " vivables 
" au milieu des autres car, si " l'enfer c'est les autres ", la 
vie se passe au milieu et en relation avec les autres. Il y en a même qui 
disent en relation avec " l'Autre ".
 Nous y voilà, en attendant 
l'excellence de la relation avec l'hypothétique " Autre " avec 
un grand " A ", voyons comment déjà travailler la qualité 
relationnelle avec l'aide d'un autre - sans majuscule, hélas ! - appelé 
" médiateur " dont c'est le métier. L'enjeu est énorme 
; aucun humain ne traverse son parcours de vie sans difficulté relationnel 
à un moment ou à un autre. Ces nuds douloureux irradient toute 
la société. Ces points durs, ces relations de tranchée pourrissent 
la vie des parties prenantes, bloquent la vie des entreprises, bloquent une société 
entière. Mais l'enjeu est encore plus énorme quand on parle des 
enfants dont la seule évocation allume toutes nos douleurs passées.
 A 
la récrée, dans les couloirs, dans la classe au milieu des autres, 
avec ses professeurs, dans l'équipe de foot, le petit expérimente, 
inconsciemment, des scénettes de relations auxquelles il fera appel dans 
sa vie d'adulte soi-disant consciente. Il réagira, pourtant inconsciemment, 
par analogie à son vécu d'enfant dans des conditions presque équivalentes. 
Evidemment, l'enjeu est énorme. La qualité relationnelle s'apprend 
en classe. Excusez-nous d'un si long développement pour arriver à 
une telle Lapalissade.
 A l'écoleLes parents, bien 
sûr, ont une importance majeure, mais nous avons titré " médiation 
scolaire ", recentrons donc notre sujet sur l'école. Et donc les enfants 
vont à l'école. Tout de suite, première bondissante et lancinante 
question, la relation avec l'autorité, le cadre, le règlement intérieur, 
la nécessaire obéissance pour le bien être collectif, l'infaillibilité 
de la ligne hiérarchique, la paix sociale, le pouvoir du maître, 
l'exemple, la jurisprudence
 Ce mur implacable ne laisse aucune chance, aucune 
échappatoire à la relation non soumise, au point d'en faire périodiquement, 
par compensation expiatoire, le socle de bien des chefs d'uvres, hymnes 
de gloire aux évadés ou aux dissidents (Les disparus de Saint-Agil, 
Le club des poètes disparus, Les choristes
).
 Par avalanches les 
clichés bien pensant se déversent sur la table, " c'est pour 
son bien, quand il aura à faire à un patron
 ", " 
On ne peut pas céder, sinon mon autorité ", " il faut 
qu'il apprenne qu'il n'est pas tout puissant ", " et l'exemple pour 
les autres "
 ce sont des clichés, certes, mais ils sont vrais 
aussi. Mais le jeune, au lieu de suivre les cours à l'école, n'y 
entend que " allez colle ! ", et ça c'est vrai aussi. Or l'effet 
pédagogique est quasi nul et ce sont presque toujours les mêmes qui 
s'y collent
 Nous avons évoqué cette question dans un article 
spécifique sur " médiation et autorité " et nous 
avons illustré comment la médiation n'était ni un substitut 
à l'exercice de l'autorité, ni un évitement de la punition. 
Même, en enrichissant la réflexion sur l'exercice de l'autorité, 
la médiation peut renforcer et libérer le formateur dans l'exercice 
de sa mission. Même, en renforçant la responsabilisation de la personne 
- le jeune en l'occurrence qui a une punition, mais l'adulte aussi -, la médiation 
peut enclencher l'effet initiatique d'une punition, effaçant alors l'effet 
brimade ressenti par le jeune et, par ailleurs, elle lui apprend à mieux 
se placer les fois suivantes pour ne pas se trouver exposé à son 
insu " hors la loi ".
 Y a-t-il quelqu'un dans la salle qui 
connaisse la sortie ?Après avoir campé la complexité 
de la question, avoir soupesé quelque peu les enjeux, mis face à 
face les injonctions paradoxales, les missions impossibles entre faire et ne pas 
faire, subir ou participer, fuir ou se révolter, vous pouvez légitiment 
vous demander, lecteur, s'il y a une porte de sortie. Nous avons juste évoqué 
que peut-être la médiation pourrait
 creusons la question, non, 
la réponse.
 Après tout ce qui précède, on ne peut 
commencer à basculer du versant plutôt négatif vers le versant 
plus positif qu'avec un aveu de modestie. Si les autres ont du mal, le médiateur 
ne va pas arriver en claironnant " poussez-vous, j'arrive, vous allez voir 
ce que vous allez voir ". Cool. Mais courage, nous ne nous défilons 
pas, nous avons des cartes à jouer.
 D'abord nous avons un métier. 
Facile à comprendre par chacun, " ils ont un métier ". 
Mais pas facile à admettre que la médiation n'est pas le métier 
de tout un chacun, d'un enseignant qui résout des conflits à longueur 
de journée, d'un éducateur qui s'y colle (hum ! tout seul, lui) 
tant bien que mal. Mais il est indispensable d'identifier la médiation 
en milieu scolaire - et autres d'ailleurs, mais ce n'est pas le sujet de cet article 
- comme une activité à part entière et professionnalisée 
pour lui laisser sa zone de liberté et pour déculpabiliser les bonnes 
volontés découragées par leurs maigres résultats. 
En fait, ce n'est pas de la faute de l'encadrement si cela ne marche pas bien, 
c'est un métier qu'il n'a pas appris et il est partie prenante dans les 
tensions qui l'entourent. Ce préalable renverse bien des énergies 
réactives, des ressentiments, des peurs, et les imputent vers un cycle 
vertueux de qualité relationnel. Eh oui ! Le médiateur n'a pas de 
baguette magique, mais sa présence et son savoir faire inversent les affrontements 
en relation de confiance.
 Ensuite nous avons l'énergie des partenaires. 
Doucement, nous vous faisons entrevoir que le médiateur ne va pas par sa 
seule énergie tout changer. Non, il va utiliser l'énergie des parties 
pour les orienter vers une relation de confiance qui va se propager dans toute 
l'école. Il a donc besoin de tous, nous allons y revenir. Dans un premier 
temps, il va falloir former quelques relais dans l'école pour que la mentalité, 
la posture se répande.
 De plus nous avons le mouvement : c'est vrai 
la médiation s'apprend, mais c'est aussi une posture qui s'acquière 
plus qu'elle ne s'apprend. Donc les relais dont nous venons de parler sont sélectionnés 
aussi pour leur profil contagieux. Le changement de comportement n'est pas une 
question uniquement de raisonnement et de maitrise sur soi, c'est une question 
virale. Au début, cela peut être long pour dépasser une masse 
critique humaine qui permette l'auto-régénération de l'énergie 
du changement qui emballe la contamination. L'expérience semble indiquer 
qu'il faut 2 à 3 ans.
 Besoin de tousRevenons sur 
le besoin de tous. Il y a du monde dans une école : des jeunes - c'est 
fait pour eux -, des enseignants, des hiérarchiques, des salariés 
pour la logistique, des parents et on peut même évoquer un environnement 
plus général comme la mairie, la police éventuellement. Faut-il 
tous les convaincre ? Oui, non.
 La direction. Indispensable partenaire 
dont le charisme managérial est suffisant pour enclencher la démarche 
mais dont le mode de fonctionnement au quotidien est hiérarchique et donc 
de commandement versus obéissance, plutôt incompatible dans la même 
personne avec une approche de médiateur.
 Les enseignants. A la 
fois blessés au jour le jour par les désordres auxquels ils ont 
à faire et dont ils tirent l'impression qu'ils ont appris de cette pratique 
un savoir-faire auquel ces intrus, que sont les médiateurs, ne devraient 
pas apporter grand-chose qu'un surplus de dépense que l'établissement 
serait bien avisé d'imputer sur un autre emploi bien plus fécond. 
A la fois preneurs qu'on les dégage de cette énergie réactive 
qui pollue les cours et les éloigne de leur vocation de pédagogue 
et qui gâche leur temps d'enseignement dans des tâches qui ne les 
intéresse pas beaucoup pour faire régner la discipline.
 Les 
éducateurs. Eux n'ont pas, en apparence, la contrepartie d'apporter 
aux jeunes un savoir en échange d'une certaine attention, d'une certaine 
considération, alors qu'en fait, ce sont eux qui apprennent aux jeunes 
le futur " savoir vivre ensemble " ; vaste programme. Or justement, 
pour ce faire, ils ont appris le règlement, ils s'efforcent de le faire 
respecter, ils ont acquis par expérience, la patience et une certaine gestion 
de leur énergie émotionnelle, mais ils ne sont pas armés 
à la résolution des conflits ni entraînés à 
l'expression de leur ressenti de façon à désamorcer les oppositions 
naissantes. Sans le savoir, ils sont intéressés par l'acquisition 
de ces outils relationnels supplémentaires. Mais une fois formés, 
ils ne peuvent plus s'en passer.
 Les enfants. Qui ne pense pas à 
l'énonciation de ce début de chapitre, aux enfants difficiles ? 
Bien sûr, il y a du travail en priorité avec ceux-là. Un enfant 
difficile et toujours en conflit souffre et il faut faire quelque chose pour lui. 
Cependant, on accède vite à la dimension collective qui veut que 
l'ensemble de la classe risque d'être perturbée par les turbulences 
créées par l'un. D'où d'ailleurs le recours au règlement 
pour tenter de réguler le désordre. Et, quand l'ordre est revenu, 
l'urgence du quotidien fait que, souvent, on oublie de revenir à la source 
de la douleur qui se propage à nouveau.
 Raisonnons dans la même 
logique mais dans l'autre sens. Car, si un comportement orageux a tendance à 
se répandre dans la collectivité, un comportement vertueux aussi 
à tendance à être contagieux. C'est donc aussi avec une formation 
des plus adroits dans les relations, qu'il faut travailler afin qu'ils contaminent 
leurs confrères. Ainsi voit-on des organisations de médiation scolaire 
avec des paires (des jeunes formés) qui donne des résultats intéressants 
depuis des années.
 Les parents. Propulsés dans une dimension 
qui nous dépasse tous : donner la vie, les parents continuent d'être 
totalement dépassés par la tâche qui leur incombe et à 
laquelle ils sont les moins bien placés pour la réaliser - par certains 
côtés en tout cas - : élever leurs enfants. Les moins bien 
placés, peut-être, les moins bien formés, sûr. Le métier 
de " parent " n'est enseigné dans aucune école. Il faut 
dire que, même quand ça se passe bien, le métier de parent 
est tellement inextricable
 mais cela ne concerne jusque-là que la 
relation entre parents et enfants. Alors, quand on ajoute la relation entre parents, 
enfants et équipe pédagogique, le discernement est quasi impossible 
sans l'aide d'un tiers non impliqué pour éclaircir les échanges.
 Les 
autres : maire et police. Bien que leurs rôles soient a priori différents, 
nous les citons ensemble car
 Quand de la drogue commence à circuler 
dans un établissement, le chef d'établissement ne peut pas laisser 
filer bien longtemps et, après une mise en garde, rapidement, il signale 
la chose à la police locale qui fait son travail : peur du gendarme, intimidation, 
enquête, pédagogie, suite à donner
 Mais si la police 
fait son travail en toute indépendance, elle rend compte aussi à 
un niveau politique et en premier à l'autorité politique locale, 
le maire.
 Quand un chef d'établissement cherche à mettre en place 
un projet de médiation scolaire pour améliorer la qualité 
des relations et travailler sur les violences qu'il constate, il va en parler 
à sa hiérarchie mais aussi à la mairie qui est intéressée 
de voir les enfants, dans les écoles (privées ou publiques) dont 
elle a la charge, progresser dans leur socialisation.
 Quand les deux, police 
et chef d'établissement, sont allés voir le maire pour lui parler 
des violences à l'école, le message ne manque pas de l'interpeler 
et cela facilite l'accès à des financements croisés.
 De 
plus, police, médiateur et maire se situent alors mieux les uns par rapport 
aux autres et comprennent mieux leurs rôles respectifs. Chacun est preneur 
de la fonction de l'autre et on retrouve, à cet échelon, la même 
dialectique que nous avons déjà évoquée entre médiation 
et autorité. Un renversement de mentalité de l'adversité 
à l'altérité, du flicage à la responsabilisation ne 
se fera pas sans la participation des trois, même au sein de l'école 
qui pourrait être perçue comme un milieu fermé.
 Des 
problèmes concretsSi on ne peut pas faire l'économie 
de l'approche un peu théorique ci-dessus, il est un temps aussi pour entrer 
dans le concret. Qu'est-ce que la médiation scolaire dans le concret ?
 Les 
horaires. La vie scolaire est d'un côté ritualisée autour 
d'un rythme ponctué par la cloche, de signes de ralliements et de politesse 
comme de se lever pour saluer quand un professeur entre, quelquefois (moins maintenant, 
mais encore) autour d'une tenue vestimentaire, etc. En même temps, elle 
est totalement spontanée, éruptive même, et donc toujours 
renouvelée. C'est dire que la médiation doit se loger dans des horaires 
fixes et, à la fois, intervenir de façon très réactive 
pour être efficace. Cette quadrature trouve une meilleure solution dans 
les horaires " vides " de cours : les heures d'étude, les récréations, 
les entres midi et deux, le soir après les cours, et pendant justement 
les heures de colle les jeudis ou samedis. Autant dire il faut une certaine disponibilité 
des médiateurs.
 Ça c'est pour les enfants. Mais pour les enseignants, 
le soir est l'heure de rentrer chez eux, et les weekends sont sacrés. Les 
créneaux se réduisent pour résoudre un conflit. Cependant, 
les enseignants ont la possibilité de libérer des jours de formation 
qui leur donne accès à des interventions longues que les médiateurs 
peuvent valoriser pour les sensibiliser à la médiation.
 Pour 
les éducateurs enfin, les heures de cours des jeunes leur laissent un peu 
de temps pour suivre eux-aussi une formation. Pour la résolution des conflits, 
les interventions peuvent s'envisager dans ces mêmes créneaux mais, 
si le conflit est avec un jeune, celui-ci va manquer la classe, soit le soir avec 
les jeunes qui restent tard.
 Autant dire que la réactivité demandée 
va avoir une influence sur la procédure de médiation mise en place. 
On ne pourra pas toujours faire d'entretien individuel comme nous le préconisons, 
le temps disponible sera la plupart du temps trop court.
 Il faut donc que 
le médiateur adopte une " mentalité de souris " pour se 
glisser dans les trous de gruyère des plannings. Ce n'est pas toujours 
facile.
 Les salaires faibles. Sujet frileux, l'argent. Les enseignants, 
il faut bien le dire, sont souvent payés au lance-pierre. Ils ont un contrat 
qu'ils ont signé et c'est donc que cela leur convient et donc à 
nous aussi. Cependant, quand un médiateur vient allonger la journée 
pour " un certain temps " pour résoudre un conflit, l'enseignant 
dont le salaire est compté juste, compte juste lui aussi ses horaires. 
Evidemment il y a la bonne volonté et la conscience professionnelle, mais 
tout de même, c'est choses-là ont aussi leurs limites.
 Et pas 
seulement. Les enseignants et toute l'équipe pédagogique sait faire 
une division et connait le taux horaire de leur salaire. Lorsqu'un médiateur 
propose ses tarifs, le salarié enseignant ne peut s'empêcher de comparer 
les deux chiffres ce qui ravive alors le scepticisme vis-à-vis de la médiation 
dont nous avons parlé ci-dessus. Ils n'entrent pas dans l'appréciation 
du salaire net ou brut, ils n'entrent pas dans le temps de la prospection, ils 
n'entrent pas dans la rémunération du temps sans travail, etc. Il 
faut gérer cette difficulté en expliquant à l'occasion, mais 
l'occasion ne vient pas souvent car on ne parle pas du salaire de l'autre qui, 
de plus, est un extérieur. Donc il est possible qu'il faille provoquer 
discrètement cette occasion quand on sent que cela est nécessaire.
 Les 
budgets. Liée à la question précédente, les budgets 
sont toujours tendus et, si un chef d'établissement est censé être 
libre de ses choix, en fait, il n'a que très peu de liberté de manuvre. 
Il est assez facile de le convaincre de l'efficacité d'une action de médiation 
scolaire mais en a-t-il les moyens ? Et d'autres projets semblent également 
si attrayants.
 Le financement. Le réflexe est donc de trouver 
un financement extérieur, politique ou administratif : commune, conseillé 
régional, Etat, rectorat, ministère de l'éducation nationale
 
bonne idée mais alors on tombe dans un nouveau paradoxe. En effet, l'accès 
à ces financements ouvre un parcours du combattant politico-juridico-administratif 
que seules les grandes organisations peuvent assumer. Et pourquoi pas, fi de ces 
pique-assiettes qui n'ont pas les moyens de leurs ambitions, qu'ils trouvent du 
travail ailleurs ! Seulement voilà, le travail que nous avons décrit 
dans cet article est un travail d'artisan, un travail sur mesure, avec des horaires 
mités. Un grand groupe, même s'il arrive à embaucher du personnel 
compétent - c'est pas fait, mais qui le verra derrière une belle 
image marketing et un bon dossier administratif - saura organiser une formation 
collective et de masse pour des adultes, éventuellement pour des jeunes 
- c'est plus compliqué - mais pour ce qui est de la réactivité 
sur des conflits qui se déclarent sans prévenir, ils vont avoir 
du mal à suivre. L'accès au financement requière une organisation 
industrielle or la réalisation du travail requière une organisation 
artisanale de proximité. Il faudra que les établissements fassent 
des choix et/ou aident à la labellisation des formations qu'elles auront 
choisies.
 Des conflits concrètementOn aurait pu 
commencer par-là, mais ce chapitre se place bien aussi en pré-conclusion 
pour annoncer notre conviction. Les conflits scolaires c'est quoi concrètement 
?
 C'est environ 1/4h en début de chaque cours pour mettre les jeunes 
en disponibilité. Une enquête nationale réalisée sur 
2011-2014, nous apprend que ce sont des insultes (52% des cas d'élèves 
victimes), des vols (46%), des surnoms méchants (39%), des bousculades 
(36%). Ces conflits touchent 30% des élèves. Enfin, les violences 
vivent avec leur temps et les nouvelles technologies ont une place de plus en 
plus importante dans ces violences.
 Un quart du temps, un tiers des élèves
 
restons sur ces indications quantifiées pour avancer qu'il s'agit de travailler 
sur un gain potentiel de 30% du rendement pédagogique d'une classe. Tout 
ne sera peut-être pas réglé mais il y a de la marge à 
amélioration.
 Une conclusion de convictionQuestion 
pas facile à poser et question à réponses multiples, quelle 
confusion que l'éducation des enfants !
 Notre conviction est que le 
primordial ne sera pas de leur apprendre les mathématiques ou la philosophie, 
mais comment se placer dans des relations de qualité au milieu des autres. 
Alors le reste viendra avec, les énergies seront libérées 
pour accéder au savoir, mais cela viendra après.
 Notre conviction 
est que la médiation est de nature à faire progresser sur ce versant 
de la qualité relationnel et ce n'est pas qu'une question de politesse 
ou de civilité, c'est une question d'appropriation des techniques d'expression 
de ses émotions, de résistance à la tentation de l'adversité, 
d'accession à la posture d'altérité, de responsabilité.
 A 
grand renfort de statistique nous pouvons prouver que cela marche partout où 
la médiation a été implantée en milieu scolaire mais, 
puisque nous sommes dans une conclusion de conviction, nous pouvons témoigner 
que cette question s'étant posée dans notre lycée étant 
adolescent. Les professeurs, pour augmenter la responsabilité des jeunes, 
avaient ouvert des classes d'études (quand nous n'avions pas de cours, 
nous allions en " étude " en attendant le cours suivant) qui 
se gérait en auto-discipline, sans surveillance. Et ça marchait, 
il n'y avait pas un bruit. J'en étais, pas étonnant que 50 ans après 
je sois médiateur professionnel. Ces expériences ont laissé 
tellement de traces dans les esprits que ces professeurs aussi, dont certains 
sont encore dans nos relations, en parlent encore.
 Alors, vux pieux ou 
risque à prendre, " il faut oser la confiance ".
 
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